Comprendre le cycle de l’azote
20 mai 2022L’azote, l’azote et encore l’azote. C’est quitte ou double, vous en avez entendu parler, ou c’est aussi obscure pour vous que le fond d’un puits à minuit un soir de nouvelle lune.
Donc détaillons, sans trop se perdre, le but étant de donner une idée concise de ce qu’est le cycle de l’azote, comment le déclencher, comment l’optimiser, et comment, peut-être, s’en passer.
Qu’est-ce que le cycle de l’azote ?
C’est la première étape, cruciale pour la santé des habitants du bac, qui survient juste après la mise en eau de votre aquarium.
C’est une des bases techniques à connaître lorsqu’on débute l’aquariophilie. Un aquarium est un milieu fermé, où tout devra avoir un équilibre. De multiples déchets et polluants sont constamment présents dans l’eau de votre bac, des feuilles en décomposition (déchets végétaux), aux poissons morts, en passant par les excédents de nourriture, les fèces des animaux présents, toutes ces sources de pollution doivent être éliminées, et transformées.
De l’ammoniac (et l’ammonium) aux nitrates, on appelle cycle de l’azote le processus de transformation des composés azotés, présents dans le bac, par des bactéries bénéfiques qui vont transformer de simples déchets en futurs nutriments pour les plantes.
«AquaTips – Comprendre les paramètres de l’eau»
Première étape : l’ammonisation
L’ammoniac est le premier composant azoté à être présent dans un bac. Il sera généré par des bactéries qui vont venir casser les chaînes carbonées de la matière organique en décomposition.
L’ammoniac étant extrêmement toxique, ses taux doivent toujours être à 0mg/L, signe que les bactéries sont présentes et qu’elles accomplissent leur tâche avec brio.
Lors d’un pic d’ammoniac les poissons produiront plus de mucus pour protéger leurs organes. Ce mécanisme de défense est cependant à double tranchant. Le poissons sera partiellement protégé de l’ammoniac, mais les échanges gazeux seront très limités, menant à la mort par suffocation de l’individu.
Seconde étape : la Nitrosation ou Nitritation
L’ammoniac et l’ammonium seront les premiers à y passer. Des bactéries aérobies, Nitrosomonas, vont oxyder l’ammoniac (de forme NH3) en Nitrites (de forme NO2). Idéalement, les taux de nitrites doivent être quasi nuls. À partir de 0,2mg/L, la concentration devient toxique et au-delà de 5mg/L mortel.
Les nitrites vont empêcher l’oxygène de se fixer sur les globules rouges, amenant rapidement vos poissons dans un état de détresse respiratoire (poissons nageant frénétiquement proche de la surface, par exemple).
Troisième étape : La Nitratation
De nouvelles bactéries entrent en jeu, comme Nitrobacter, Nitrococcus,ou encore Nitrospira. Et à leur tour vont oxyder les Nitrites (NO2) en Nitrates (NO3), encore moins toxiques. Pour se faire, le milieu de développement bactérien ne doit pas être trop chargé en matière organique, être riche en oxygène, et ne doit pas venir modifier les propriétés dudit milieu (autrement dit, le milieu de développement bactérien doit être chimiquement neutre).
Les nitrates sont moins toxiques, environ 20 fois moins. Mais ce n’est pas pour autant qu’une concentration élevée n’est pas sans risques. Si vos nitrates sont présents à plus de 50mg/L, il faudra faire un changement d’eau de 30% du volume.
Un taux constamment élevé de nitrates pourra causer des problèmes de croissance, d’apathie et de léthargie, de reproduction, ou des problèmes de vessie natatoire chez les poissons.
C’est pour cette raison, ces pics de pollution que va subir votre bac, qu’on recommande de laisser un bac cycler pendant 4 à 6 semaines sans ajouter de vivant. L’ajout de poissons ou d’invertébrés dans un bac en cours de cyclage provoquera dans la majorité des cas la mort de l’individu.
Précautions globales à prendre
- Les tests dans le commerce ne font pas la différence entre ammoniac et ammonium. De plus, le PH joue un rôle critique dans la forme d’ammoniac présente dans le bac, et la température de l’eau modifiera le seuil de criticité de l’ammoniac.
À PH basique, l’ammoniac (NH3) sera présent. Sous cette forme, il est extrêmement toxique. À PH acide, l’ammonium (NH4+) sera présent. Sous cette forme, il sera nettement moins toxique et pourra être assimilé par les plantes.
Dans un bac cyclé, l’ammoniac devra être indétectable.
pH | 20°C | 25°C |
6.5 | 15.4 | 11.1 |
7.0 | 5.0 | 3.6 |
7.5 | 1.6 | 1.2 |
8.0 | 0.5 | 0.4 |
8.5 | 0.2 | 0.1 |
- Lors du cyclage du bac, il ne faudra pas nettoyer vos masses filtrantes et éviter d’utiliser du charbon actif, même si votre eau est trouble. Les bactéries sont en train de prendre leurs marques et il ne faudra pas venir les perturber. Il faudra à tout prix éviter de couper la filtration, remuer le sol ou les décors.
- Dans un environnement mal maintenu, où de fortes zones anaérobies subsistent (zones sans brassage, où l’oxygène est absent), de nouvelles bactéries vont se développer, transformant les nitrates en nitrites, puis en ammoniac, puis en azote gazeux. Une colonne d’eau bien brassée, une eau bien oxygénée, et un sol aéré sont des prérequis pour un bac en bonne santé.
Comment optimiser mon cycle de l’azote ?
On entend souvent que presser ses vieilles masses de filtrations dans un nouveau bac peut accélérer le cycle de l’azote. Et c’est vrai, dans un sens.
On ensemencera le nouveau filtre avec les bactéries présentes, mais on y ajoutera aussi d’autres microorganismes, possiblement des algues, et de la matière organique non désirée.
L’ensemencement pourra aussi passer par l’ajout de bactéries en suspension dans une solution aqueuse, ces fameuses “bactéries liquides”.
Une bonne dose suivie d’un ou deux granules de nourriture pour poissons sera un excellent moyen de kick-starter le cycle de l’azote, mais le temps sera votre meilleur allié. Laissez faire les choses à leur rythme, laissez ces milliards de bactéries coloniser chaque surface disponible et un mois plus tard, ajoutez vos premiers poissons.
Se passer du cycle de l’azote ?
Dans des conditions de maintenance précises, en ayant accumulé des connaissances accrues en aquariophilie, et en respectant certaines règles, il est possible de mettre ses poissons après avoir mis son bac en eau. Ce n’est pas une méthode que je recommande, surtout pour les novices, mais en cas de changement de bac, de casse, ou d’imprévus obligeant à changer le bac du jour au lendemain, ou obligeant à remplacer une filtration défectueuse, cette méthode peut vous aider.
Vous aurez besoin de peu de choses, une culture de bactéries, des réserves d’eau saine et dont les paramètres sont adaptés aux besoins de vos poissons, une semaine à dédier pleinement à votre bac.
Commençons par le plus simple : le changement de filtre.
Si vous changez de filtre, pas de soucis, récupérez vos masses de filtration biologique et placez-les dans le nouveau. Augmentez la fréquence des changements d’eau, réduisez l’alimentation de vos locataires, et surveillez fréquemment les valeurs de l’ammoniac, des nitrites et des nitrates pour agir immédiatement en cas de problème.
Maintenant le plus compliqué : l’insertion de vivant pour créer le cycle.
Cela ne marchera que dans des conditions précises. Il faut que votre bac ne soit pas trop grand (maximum 50L), que votre sol soit composé d’un bon refuge bactérien (une sous-couche de pouzzolane par exemple), que votre eau soit bien brassée sur toute la colonne d’eau, que votre bac soit densément planté, que la population que vous souhaitez y insérer soit limitée et très peu polluante, que vous soyez disponible quotidiennement. C’est uniquement dans ces conditions précises que vous pourrez insérer du vivant pendant le cyclage de votre bac sans pertes (ce n’est pas une garantie, mais les risques sont limités).
Il faudra, quotidiennement, changer entre 20 et 30% du volume d’eau, et ajouter des bactéries, mesurer, quotidiennement aussi, l’ammoniac, les nitrites et les nitrates.
Malgré la diminution de la prise de risques en effectuant quotidiennement des changements d’eau, ce n’est pas une méthode que je recommande, sauf cas extrêmes et impératifs. L’aquariophilie est une passion où patience est mère de tout. Nous reproduisons un environnement miniature complexe, et comme Rome ne s’est pas faite en un jour, un bac ne trouvera pas son équilibre en une nuit. Prenez toujours votre temps, prenez le temps de planifier votre décor, de tester vos paramètres, de sélectionner une population adaptée.
J’espère que cet article vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire et à nous donner votre avis !
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À très vite sur AquaTips !
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