Les paramètres de l’eau

26 mai 2022 0 Par Lucas A.

Débutant ou confirmé en aquariophilie, comprendre la chimie de l’eau est un aspect de notre passion qui peut être complexe ou rebutant pour les plus néophytes, mais c’est, sans pour autant maîtriser le sujet, un point à toujours avoir dans un coin de la tête pour éviter les erreurs.

Nous allons voir les paramètres les plus importants à connaître.

Le PH

Abréviation de Potentiel Hydrogène, c’est cette mesure qui va nous permettre de savoir si une eau est acide, basique, ou neutre. Cette valeur varie de 1 à 14, 1 étant le plus acide et 14 le plus basique.
Une eau pure, débarrassée de tout composant minéral ou organique (eau osmosée par exemple) aura un PH neutre, qui se situera aux alentours de 7.
Pour imager un peu, la javel a un PH de 11,5 (c’est donc une base) et un jus de citron aura un PH de 2,5 (un acide).
En aquariophilie d’eau douce, on favorise un PH qui tourne autour du neutre, compris entre 6,8 et 7,2. Ce sont des valeurs sûres pour la plupart des espèces les plus courantes, bien que certaines aient des besoins spécifiques plus particuliers, tout dépend de leur origine géographique.

Le KH

C’est la dureté carbonatée de l’eau, son pouvoir tampon, sa force anti-acide. Cette mesure correspond à la quantité de carbonates et bicarbonates de magnésium et de calcium dissous dans l’eau.
Cette mesure est étroitement liée au PH, plus le KH sera élevé, plus le PH sera stable, mais plus il sera compliqué et difficile d’acidifier l’eau. À l’inverse, si la valeur KH est trop basse ( <3°KH) plus la valeur PH pourra fluctuer, constituant un risque de troubler l’équilibre du bac. On parlera, au sens large, d’acidose ou d’alcadose quand le PH chutera ou augmentera fortement de façon incontrôlée.
En aquariophilie, on essaie de maintenir un KH compris entre 4 et 8°KH. À ces valeurs, il sera possible de modifier le PH de l’eau pour convenir aux besoins de vos résidents tout en gardant un certain équilibre.

Le GH

C’est la dureté globale de l’eau.
Cette mesure prend en compte la totalité des minéraux dissous dans l’eau, y compris la dureté carbonatée.
Cette valeur détermine la dureté de l’eau, on parlera d’eau douce quand la valeur mesurée sera inférieure à 6°GH, d’eau dure quand cette valeur sera supérieure à 9°GH et d’eau très dure quand cette valeur excèdera les 16°GH.

En France, la qualité de l’eau peut être extrêmement variable – de très douce dans le Nord Ouest (Bretagne) ou dans le Centre, à très dure dans le Bassin Parisien, les Hauts-de-France, ou la Région PACA. L’aspect géographique de puisement joue beaucoup sur la qualité de l’eau, en région montagneuse l’eau pourra être très dure l’été et douce l’hiver par exemple. Il faut souvent mesurer les valeurs de votre eau de conduite, surtout si c’est avec cette eau que vous faites vos changements d’eau. Pour baisser cette valeur, il suffira simplement de diluer la teneur en minéraux de votre eau avec de l’eau osmosée.

Plus le GH est élevé, plus l’eau sera riche en minéraux

NH3 et NH4+

L’ammoniac et l’ammonium. L’ammoniac (NH3) est un gaz extrêmement toxique pour le vivant. C’est un gaz produit par la décomposition des matières organiques dans l’aquarium par les décomposeurs primaires (champignons, bactéries aérobies et anaérobies – qui se développent en milieu où l’oxygène est présent pour l’une et absent pour l’autre). Sous cette forme non-ionisée, une très faible concentration peut s’avérer fatale pour tous vos résidents. Avec un PH supérieur à 7, il faudra attendre sa décomposition en Nitrites (NO2) pour le voir disparaître. Avec un PH inférieur à 7, c’est sa forme ionique qui sera présente, le NH4+, l’ammonium.
L’ammonium est nettement moins toxique pour le vivant et pourra être assimilé directement par les plantes.
La valeur maximale tolérable pour un bac d’eau douce ne doit pas excéder les 0,25mg/L de NH4+ surtout en présence d’une eau alcaline, le NH3, l’ammoniac doit être totalement absent.
Si jamais vous êtes confrontés à un problème d’ammoniac après la période de cyclage du bac, réduisez fortement la nourriture et changez impérativement 50% du volume d’eau de votre bac avec une eau saine.

Une eau légèrement acide préviendra la formation d’ammoniac.

Les NO2

Les nitrites sont issus de la première étape de décomposition des déchets, l’ammoniac et sa forme ionique, oxydés par des bactéries nitrifiantes (ex. Nitrosomonas), c’est la nitritation. La présence de NO2 dans un bac jeune constitue la seconde étape du cycle de l’azote.
Les nitrites ne sont pas désirables même en faibles quantités, on considère qu’à 5mg/L la dose est critique pour le vivant et au-delà, mortel. Si vous avez un pic de nitrites dans votre bac, changez 50% du volume d’eau avec une eau saine et ajoutez des bactéries nitrifiantes.

Les NO3

Les nitrates sont issus de l’oxydation des nitrites, toujours par des bactéries (ex. Nitrobacter), c’est la nitratation. La présence de nitrates est une bonne chose, surtout si les nitrites sont à 0mg/L. Les nitrates étant considérés comme 20 fois moins toxiques, la concentration deviendra critique à partir de 100mg/L. Les nitrates sont naturellement consommés par les plantes dans votre bac. Mais il ne faudra pas hésiter à effectuer une maintenance plus intensive si vos paramètres se dérèglent, changements d’eau plus réguliers et conséquents.

Les PO4

Les phosphates sont issus de la décomposition des déchets dans votre bac, en fin de cycle de dégradation. Ils surviennent souvent suite à un surdosage de l’alimentation, d’animaux morts, ou des plantes en décomposition.
Les phosphates ne sont pas foncièrement dangereux pour le vivant, mais leur concentration doit aussi rester sous contrôle.
C’est un paramètre sensible à maintenir, les PO4 n’étant pas naturellement éliminés malgré une faible consommation par les plantes et les algues. Un déséquilibre dans la concentration des phosphates peut causer un bloom d’algues, si tel est le cas, faites les tester, ainsi que la concentration en nitrites, il faut au plus possible se rapprocher du rapport de Redfield.
Le taux de phosphates doit toujours être inférieur à 2mg/L.

Les SiO4

Ce sont les silicates. Souvent présent naturellement dans l’eau de conduite, leur concentration, même à des taux élevés, n’est en aucun cas préjudiciable pour le vivant.
Les silicates sont souvent la cause, dans un bac jeune, d’apparition de diatomées, ces algues brunes qui ressemblent à de la rouille.
Dans un bac qui vieillit mal, et où l’équilibre de ce dernier sera brisé, les SiO4 seront aussi la cause d’apparition d’algues brunes.

Cl

Cette valeur correspond au chlore, ou la chloramine, présents dans l’eau. Cette valeur doit toujours être à 0. Imaginez boire l’eau de la piscine municipale tous les jours, et quels effets cela aura sur votre organisme.
Je vous recommande fortement, si vous utilisez de l’eau de conduite, l’usage d’un conditionneur, le chlore s’évapore avec le temps, mais la chloramine (de plus en plus utilisée pour sa plus grande stabilité lorsque dissoute dans l’eau) ne s’évapore pas et il faudra à tout prix la neutraliser avant d’insérer du vivant, notamment avec l’aide d’un conditionneur.

CO2

C’est tout simplement le tant connu Dioxyde de Carbone. Il est essentiel à la pousse des plantes lors de la photosynthèse. Il est recommandé dans un bac planté d’avoir une valeur comprise entre 15 et 40mg/L.
Pour prendre un exemple, une eau de conduite avec un PH à 7,3 et un KH de 8, contiendra 14mg/L de CO2, une eau osmosée reminéralisée avec un PH de 6,8 et un KH de 5 contiendra 28mg/L de CO2

J’espère que cet article vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire et à nous donner votre avis !

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