Booster et comprendre sa filtration

Booster et comprendre sa filtration

29 mai 2022 0 Par Lucas A.

Quand on décide de commencer un bac, plusieurs choses sont à prévoir dont la filtration, ou devrais-je dire les filtrations.

C’est un élément incontournable, mais qui peut prendre de multiples formes. 

Entre filtration mécanique, biologique et chimique, ce que les grandes marques nous vendent pour améliorer la qualité de notre eau, les informations de filtration qui sont bien souvent surestimées, nous allons détailler l’utilité de chaque type de filtration, comment les positionner dans votre filtre, comment vous pouvez améliorer un filtre déjà en eau et comment vous pouvez booster la qualité de votre filtration pour le bien-être de l’écosystème que vous créez.

Il est donc important de savoir comment choisir son filtre, et adapter sa filtration aux besoins de votre bac, un betta n’aura pas les mêmes besoins qu’un poisson rouge, des crevettes n’auront pas les mêmes besoins qu’un banc de scalaire ou des cichlidés africains.

I. Les différentes masses filtrantes

Commençons par les bases, avant de choisir un filtre, on va d’abord s’intéresser à la fonction de ce dernier, et ce qui le compose.

Lorsque que l’on achète un filtre, souvent on pense que sa fonction primaire est de rendre l’eau claire et limpide, exempte de toute impureté. Malheureusement, ce n’est pas la fonction principale de votre filtration. Sa fonction principale sera d’écrémer le plus de matière organique présente dans l’eau, de brasser l’eau de votre bac, d’oxygéner l’eau, et surtout de servir de refuge à toutes les bonnes bactéries essentielles au maintien d’un bac sain. Nous ferons un article consacré au cyclage et à l’importance des bactéries dans votre bac.

Dans le commerce, ce qui est le plus souvent fourni avec votre filtre, externe ou interne, sera du perlon (de la ouate), des mousses de différentes densités, et des billes ou de la céramique. Dans certains cas vous retrouverez aussi du charbon actif, ce dernier pouvant causer plus de mal que de bien s’il n’est pas savamment utilisé.


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Il existe trois types de filtration :

  • La filtration mécanique
  • La filtration chimique
  • La filtration biologique

Filtration mécanique

La filtration mécanique est la plus simple à aborder. C’est une filtration qui agit mécaniquement sur l’eau, elle permet entre autres d’écrémer les matières en suspension, ce sera son seul et unique rôle. Dans les filtrations mécaniques on retrouve la ouate (ou le perlon, la laine de coton) et les mousses à haute densité (souvent bleues).
Il faut la nettoyer assez souvent, après un changement d’eau, dans la même eau qui a été retirée du bac.
L’inconvénient majeur de la filtration mécanique réside dans son principe même, toutes les matières organiques et inorganiques vont se loger dedans et vont la saturer, diminuant la capacité de filtration.
C’est un excellent remède à court terme pour retirer les matières en suspension ou éclaircir le bac après sa mise en eau si elle est trouble.

Sur le long terme ça sera un refuge à pollution et demandera un entretien hebdomadaire de la filtration.

Filtration chimique

La filtration chimique sera l’appellation que l’on donnera à toutes les masses de filtration qui agiront sur la chimie de l’eau, en aucun cas il ne s’agira d’ajouter des produits chimiques dans la filtration. Souvent elle est utilisée par l’aquariophile pour ajuster un paramètre à la dérive dans le bac. On vend dans le commerce, par exemple, des masses de filtration anti-nitrates, anti-phosphates, anti-silicates, etc. Elles seront souvent composées de résines absorbantes, qui vont venir fixer lesdites molécules (Nitrates = NO3, Phosphates = PO4, Silicates = SiO4). Ça corrigera le problème sur le court terme, mais ces résines ont une capacité limite de fonctionnement, souvent trois mois, à cette échéance il faudra en racheter, c’est un cycle sans fin qui représente un investissement et qui ne traitera que la conséquence du problème, non la cause.

On retrouve aussi le charbon actif, qui est là aussi, très souvent utilisé par l’aquariophile, souvent amateur, et qui est vendu comme remède miracle contre l’eau trouble.
Le charbon actif a un grand pouvoir absorbant, c’est une éponge à tout ce qui peut se trouver dans l’eau. Il pourra être utile pour absorber les métaux lourds, le chlore et la chloramine, les tanins, ou encore les mauvaises odeurs, et très souvent après un traitement médicamenteux.

Dans les faits il n’y a pas de contre indication à l’utilisation permanente de charbon actif si ce n’est sa durée de vie. Le charbon actif est à usage unique, et ne doit pas être présent dans la filtration plus de 4 semaines avant de saturer et d’être complètement inefficace.

La filtration chimique est à prendre avec des pincettes, je ne la recommande pas sauf en cas d’extrême nécessité. Tout problème dans un aquarium est la conséquence d’une défaillance, d’un déséquilibre, et il faudra identifier la cause avant de s’attaquer aux conséquences.

Filtration biologique

La filtration biologique sera l’appellation de toutes les masses de filtration poreuses comme les nouilles de céramique ou les billes d’argile. Ce sont elles qui seront colonisées par les bactéries nitrifiantes dans votre filtre, ces mêmes bactéries qui vont transformer les déchets en nutriments pour les plantes. C’est la filtration la plus importante du bac et celle qu’il faut le plus favoriser.

Mais cette filtration n’a pas besoin de se trouver que dans le filtre, surtout si vous avez un petit bac, avec un petit filtre. Une excellente option consiste à utiliser de la pouzzolane comme sous-couche dans ce qui sera le sol de votre aquarium. Elle est extrêmement poreuse, inerte (elle ne modifiera pas les paramètres de votre eau) et est peu onéreuse.

II. La capacité de filtration

Sur tous les filtres que vous trouverez dans le commerce vous verrez plusieurs inscriptions différentes, soit correspondant au volume destiné à accueillir le filtre, soit à la quantité d’eau que le filtre peut brasser en une heure.

Il faut savoir que les constructeurs, pour mettre en avant la qualité de leurs produits, auront plutôt tendance à indiquer la puissance de la pompe et non le débit réel du filtre. Mais alors comment choisir ? Doit-on surestimer la quantité de filtration ?

Il faut partir du principe qu’un filtre doit être capable, au minimum, de brasser trois fois le volume brut du bac – pour un bac de 30L brut il faudra un filtre capable de brasser 120l/h minimum, pour un bac de 500 litres il faudra un filtre capable de brasser 1500l/h minimum. Je vous conseille plutôt de partir sur 4 à 5 fois le volume brut du bac. En ajoutant les masses de filtration, le filtre peut perdre jusqu’à la moitié de sa capacité de brassage.

Filtration30L50L200L350L600L
Minimum90L/h150L/h600L/h1050L/h1800L/h
Recommandé150L/h250L/h1000L/h1750L/h3000L/h
Tableau indicatif des capacités de filtration en débit horaire

Après il faut aussi savoir si vos habitants sont de gros pollueurs ou non. Un betta, qui n’est pas un gros pollueur, avec un bac correctement planté et avec un sol adapté, pourra se contenter d’un petit filtre qui ne sera là que pour brasser légèrement l’eau. À l’inverse, des poissons rouges polluent énormément, et il faudra donc une filtration capable d’encaisser toutes les matières organiques qui se retrouveront dans le bac, entre la nourriture non consommée et la quantité astronomique de déjections qu’ils peuvent produire.

Sur de gros volumes, avec une façade importante (plus de 1,5 mètre) il sera même recommandé de mettre deux filtres, un à chaque extrémité du bac.

Exemple de tableau indicatif

III. Filtre interne ou externe

Concernant la filtration, on retrouve plusieurs variantes pour satisfaire différents besoins ou envies. Mais toutes ne sont pas égales. Globalement, on retrouvera deux façons de procéder à la mise en place de sa filtration, dans le bac et hors du bac. On parlera donc de filtration interne pour l’un et externe pour l’autre. Mais détaillons un peu.

Filtres internes

Filtre interne compact

Situés dans le bac avec des ventouses, ils sont petits, discrets, et ne coutent qu’une poignée d’euros mais leur efficacité est très limitée. Ils ne peuvent contenir que très peu de masses filtrantes, ces dernières s’encrassent très rapidement et ils ne conviendront pas à des aquariums de plus de 100 à 120 litres.

Par contre ils sont particulièrement adaptés aux bacs de type “nano aquariums” où la population est très limitée.

Filtre à décante interne

Les filtres compartimentés internes sont souvent préinstallés dans les aquariums grand public ou “clé en main”. Ils sont composés d’une pompe de rejet, un compartiment où seront situées les masses filtrantes et parfois un autre compartiment pour y placer un chauffage.

Ce genre de filtration est particulièrement adapté pour les bac n’excédant pas les 200 litres et où il n’y a pas besoin d’une filtration trop puissance, que ce soit en terme de débit ou d’écrémage (on reviendra là-dessus un peu plus tard).
Tout est présent dans le bac, il n’y a pas besoin d’installer quoi que ce soit à l’extérieur et le tout a souvent l’avantage d’être très silencieux.

Filtre biologique interne

Le principe est de se passer le plus possible d’un filtre, et de créer un refuge bactérien suffisant dans le sol de l’aquarium. Pour cela il faudra prévoir une bonne épaisseur de sol dans un matériau poreux comme la pouzzolane ou encore de la pierre ponce (avec une granulométrie comprise entre 3 et 7mm).


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Filtre sous-sol

Le sol de l’aquarium est surélevé de quelques centimètres par un tamis fin ou une grille en plastique pour laisser passer l’eau à travers le substrat. La quantité de substrat définira la qualité de la filtration. Le sol retiendra les déchets, ce qui demandera un entretien plus poussé, et la technique rendra l’ensemble très sensible aux perturbations externes. C’est une filtration qui aura tendance à s’encrasser rapidement selon la pollution dans le bac.

Cette solution est maintenant de plus en plus désuète.

Filtre compartimenté externe

Composé d’une pompe rotative, de plusieurs paniers de médias filtrants (de la ouate à la céramique en passant par les mousses bleues), et parfois d’un chauffage intégré, c’est la solution pour tous les bacs supérieurs à 200 litres ou qui hébergent des gros polluants.

Ces filtres sont faits pour s’intégrer dans les meubles d’aquarium. Deux tuyaux iront de la pompe au bac, un pour l’arrivée d’eau et l’autre pour le rejet.

Avec des filtres on peut facilement modifier la puissance de brassage. Très discret, ils ne prennent aucune place dans le bac ci ce ne sont les cannes de rejet et d’aspiration. Les moteurs rotatifs étants de plus en plus silencieux, c’est la solution à prioriser si votre objectif est d’avoir une filtration efficace et discrète.

Filtre cascade

Il fonctionne sur le même principe que le filtre interne compact, mais en mieux. La capacité de filtration est plus importante, les masses filtrantes sont plus grosses. De plus, le fait d’être positionné en dehors du bac libère un espace non négligeable dans l’aquarium. Le rejet en cascade est une excellente solution pour tous ceux qui sont soucieux de l’oxygénation de l’eau, le remous de l’eau augmentant les échanges gazeux.

Malheureusement, ce genre de filtration ne sera adapté qu’aux petits aquariums, jusqu’à 80 litres environ, et le principe même du filtre peut le rendre bruyant (vibrations de la pompe sur la paroi du bac, clapotis du rejet sur la surface de l’eau).

Filtre à décante externe

C’est la solution la plus performante et pourtant la plus compliquée à mettre en place.
La quantité de masses filtrantes est égale au volume du bac de la décante qui peut aller de quelques dizaines à plusieurs centaines de litres.

Cette solution est très plébiscitée par les aquariophiles marins et d’eau douce pour les très grands volumes (supérieurs à 1000 litres). La décante externe permet d’ajuster le débit de la pompe, les types de masses filtrantes, le chauffage, et épure complètement le bac principal de tout ce qui pourrait dépasser.

Filtre à ruissellement

C’est la filtration la plus efficace, mais la plus complexe et spacieuse à réaliser. À l’aide de caisses superposées remplies de médias filtrants, l’eau ruissellera du haut vers le bas de la colonne. Les échanges gazeux sont optimaux, une partie des masses filtrantes se trouvant à l’air libre. C’est aussi une excellente solution pour chauffer, refroidir, installer des outils de contrôles ou d’injection de micro et macro nutriments, d’un écumeur, etc.

C’est une solution très versatile autant que complexe à mettre en place, qui sera réservé principalement aux très, très gros volumes d’eau douce ou marin, ou encore aux bassins.

Pour conclure

Choisir un filtre ne se fait pas tant en fonction de son litrage que de la population de ses aquariums. Plusieurs paramètres entrent en compte que ce soit la qualité de filtration du sol, les besoins des habitants (courant fort, faible ou modéré), la pollution qui sera générée dans le bac. Un filtre trop petit ou trop gros peut rapidement provoquer des dégâts dans votre aquarium, un écrémage insuffisant provoquera des pics de pollution et tous les soucis qui vont avec et un brassage trop important pourra stresser ou épuiser vos résidents, et une eau trop oxygénée est propice au développement d’algues.

Dans les grandes lignes, il faut retenir qu’un filtre adapté devra pouvoir brasser entre 3 et 5 fois le volume brut de votre bac par heure. La quantité de médias filtrants doit être suffisant et adapté. L’entretien ne doit pas être effectué trop souvent ou intensément, ni être totalement négligé, tout est question d’équilibre.


J’espère que cet article vous a plu. N’hésitez pas à laisser un commentaire et à nous donner votre avis !

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